L’habit de lumière – L’abito di luce

Il y a exactement 50 ans, les jeunes prêtres enlevaient la soutane. Les jeunes prêtres de 2012 la remettent volontiers. Décryptage d’un phénomène à ne pas confondre avec un retour en arrière.

J’écris souvent sur la pensée de Benoît XVI. Cette fois, j’ai envie de parler chiffons, ce qui est légitime pour un mercier… Ou, plus exactement de son bleu de travail, qu’il a endossé le 19 avril 2005 et qu’il n’a plus quitté. Le bleu est blanc, en la circonstance, et il fait heureusement écho à la chevelure éclatante du pape. Le pape est le seul prêtre (hormis ceux des pays chauds) à porter une soutane blanche, écho de la nouveauté introduite par Pie V, un dominicain qui décida de garder l’habit de l’ordre des prêcheurs.

Mais l’habit de lumière papal est le prétexte d’une petite enquête sur la soutane… noire. Pourquoi s’intéresser à du tissu en cette heure où d’autres urgences s’imposent ? Parce que c’est la saison des ordinations, d’abord. Et parce que c’est de plus en plus courant de voir des jeunes prêtres la porter à nouveau, alors qu’ils ne sont pas traditionalistes. Parce que, surtout, c’est un anniversaire qui pourrait passer inaperçu.

Il y a exactement 50 ans, dès avant le Concile, les différents diocèses légifèrent sur la question de l’habit ecclésiastique, permettant l’utilisation du clergyman. Jusque-là, seule la soutane est autorisée par l ‘Eglise, en toutes circonstances. Mais elle est de plus en plus remise en cause, à partir de la fin des années 50, au bénéfice d’un costume jugé plus pratique et plus discret.

En mars 1962, l’assemblée des cardinaux et archevêques se penche sur la question, mais n’arrive pas à se mettre d’accord. Le cardinal-archevêque de Paris, Maurice Feltin, édicte le 29 juin 1962 de nouvelles règles pour son diocèse, qui vont donner le signal d’un changement historique. Le prélat prend acte d’une mutation sociétale.

Considérant que les mentalités, les modes de vie et les moyens de déplacement se sont profondément transformés ces dernières années ; Considérant qu’il convient d’adopter, pour habit ecclésiastique, la tenue qui répond le mieux aux exigences de la vie du prêtre, de ses devoirs pastoraux et de sa mission apostolique ; Considérant, enfin, que la tenue dite de “clergyman” est, autant que la soutane, un habit ecclésiastique reconnu dans l’Eglise,

l’archevêque de Paris autorise à partir du 1er juillet

la tenue de clergyman (noir ou gris sombre), avec le col romain comme signe distinctif du clerc.

Le texte ajoute néanmoins deux conditions :

Le port de la soutane demeure obligatoire à l’église et pour tous les actes cultuels. Le costume civil est absolument interdit aux clercs, sauf autorisation personnelle écrite de l’Ordinaire du lieu d’origine et du lieu de séjour.

La plupart des diocèses suivront le mouvement au cours de l’année 1962.

Mon article pourrait se résumer à deux interrogations : pourquoi l’ont-ils enlevée (en 1962) ? Pourquoi la remettent-ils (en 2012) ? Il me semble qu’en tenant ensemble ces deux interrogations, on peut comprendre beaucoup de choses de l’évolution du monde en l’espace de 50 ans.

1962 : « Cette année-là », comme chantait Claude François… L’année des accords d’Evian : on tourne à grand peine la lourde page du colonialisme. L’année du voyage de Konrad Adenauer en France : on tourne la page d’un autre passé encore à fleur de peau, celui de la Seconde guerre mondiale. On a envie de tourner bien des pages au mitan des Trente Glorieuses… On est ivre d’avenir et de renouveau, dont la société de consommation est le symbole très concret… Et c’est vrai que tout change. Et pas seulement la couleur des boîtes postales, qui deviennent jaunes en cette année 1962… Aux Etats Unis, la pilule contraceptive est déjà en vente, et révolutionne les rapports hommes-femmes… Ce n’est qu’une question d’années pour la vieille Europe…

Il faut se replonger dans cette ivresse de modernité pour comprendre à quel point l’abrogation de l’obligation de la soutane a été, pour beaucoup de clercs, une bouffée d’oxygène, une véritable libération. C’est une façon concrète, notamment pour les jeunes générations de prêtres, d’anticiper l’ouverture du Concile, quelques mois plus tard.

A l’époque, l’Eglise catholique domine encore largement les mentalités. Les catholiques sont à 85% pratiquants. La soutane que portent les prêtres incarne le poids que l’Eglise exerce encore sur les consciences. Certes, qui n’a plus rien à voir avec celui qu’il avait avant-guerre, mais qui est encore très fort. Un poids que certains prêtres refusent désormais d’incarner. 

L’habit de jais des prêtres devient de plus en plus difficile à porter en cette période d’intenses mutations sociétales. Rappelons ici qu’en 1962, le noir n’est pas la couleur branchée qu’elle est devenue de nos jours. Le noir renvoie au deuil et à une contrainte sociétale. Une femme qui perdait son mari devait s’habiller en noir pendant un an. Il n’était pas rare, que, un deuil s’enchaînant à un autre, les gens aient dû porter du noir pendant des années. Le noir était un carcan en une époque où le contrôle social était fort…

Depuis le Concile de Trente, ou à peu près, les prêtres sont tenus de porter un vêtement qui les différencient du reste des hommes. L’habit de la soutane s’imposera comme l’habit de référence pour les prêtres français au XIXe siècle : il prend la forme d’une robe boutonnée par devant, qui va du col aux talons. Le but de cet habit est de différencier et de séparer, car l’homme « normal » ne porte pas de robe. Il est aussi de cacher : les modelés du corps sont abolis, à la fois par la couleur et la forme ample. La couleur noire renvoie à la mort, à la Croix. Le prêtre, qui s’engage à se conformer au Christ chaste et pauvre, a pris ce vêtement dès le séminaire. Il signale son renoncement au plaisir et à la séduction, et plus largement « au monde », au système de valeurs qui régissent les relations humaines selon le pouvoir, l’argent, le paraître. La soutane est une forme de tombeau. Elle fait écho à l’ancienne pratique de passer sous le « voile mortuaire » lors de l’entrée en religion pour les religieux et religieuses, qui symbolise la mort à sa volonté propre et au monde.

L’abrogation du port obligatoire de la soutane au début de l’été 1962 fait l’objet d’un reportage filmé, disponible sur le site de l’INA, et intéressant à plus d’un titre (voir coordonnées en bas de l’article). Le journaliste interviewe d’abord Monsieur Ferrand, chef du rayon des vêtements ecclésiastiques dans un grand magasin. (Oui, vous avez bien lu ! En 1962, dans les grands magasins, il y avait un secteur pour prêtres, ce qui atteste de leur insertion encore forte dans une société où la sécularisation n’a pas encore produit tous ses effets).

Esattamente 50 anni fa1L’articolo è del 18 giugno 2012., i giovani preti si levavano la veste talare. I giovani preti del 2012 tornano volentieri a indossarla. Comprendere un fenomeno che non va confuso con un ritorno al passato.

Spesso scrivo del pensiero di Benedetto XVI. Stavolta ho voglia di parlare di chiffons, il che si addice anche meglio a un mercier2Il cognome dell’autore significa “merciaio”, alla lettera, donde il jeu de mots.… O piú precisamente del suo abito da lavoro, quello che ha indossato il 19 aprile e che non ha piú lasciato. Se normalmente quegli abiti sono scuri, il suo è bianco e fa felice pendant con la candida chioma del papa. Il papa è il solo prete (eccettuati quelli dei paesi caldi) a portare una veste talare bianca, eco della novità introdotta da Pio V, un domenicano che aveva deciso di conservare per sé l’abito dell’ordine dei predicatori.

Ma l’abito di luce papale è il pretesto di una piccola inchiesta sulla talare… nera. Perché interessarsi a del tessuto in un’ora certo non priva di altre urgenze? Perché è la stagione delle ordinazioni, anzitutto. E perché è sempre piú frequente vedere giovani preti portarla di nuovo, anche se non sono tradizionalisti. E poi, soprattutto, perché questo è un anniversario che potrebbe passare inosservato.

Esattamente cinquant’anni fa, fin da prima del Concilio, le differenti diocesi legiferarono sulla questione dell’abito ecclesiastico, permettendo l’uso del clergyman. Fino a quel momento, solo la talare era autorizzata dalla Chiesa in ogni circostanza; ma la tonaca era sempre più rimessa in discussione, fin dalla fine degli anni ’50, a beneficio di un abbigliamento giudicato più pratico e più discreto.

Nel marzo 1962, l’assemblea dei cardinali e degli arcivescovi si pose a considerare la questione, ma non giunse ad accordarsi. Il cardinale arcivescovo di Parigi, Maurice Feltin, emanò il 29 giugno 1962 nuove regole per la sua diocesi: avrebbero dato il segnale di un cambiamento storico. Il prelato prese atto di una mutazione sociale:

Considerando che le mentalità, i modi di vita e i mezzi di trasporto si sono profondamente trasformati in questi ultimi anni; Considerando che conviene adottare, per abito ecclesiastico, la tenuta che meglio risponde alle esigenze della vita del prete, dei suoi doveri pastorali e della sua missione apostolica; Considerando infine che la tenuta detta “clergyman” è, come la talare, un abito ecclesiastico riconosciuto nella Chiesa,

l’arcivescovo di Parigi autorizzò a partire dal 1º luglio

il porto del clergyman (nero o grigio scuro) col colletto romano come segno distintivo del clero.

Il testo aggiunge nondimeno due condizioni:

Il porto della talare resta obbligatorio in chiesa e per tutti gli atti di culto. L’abito civile è assolutamente proibito ai chierici, salva autorizzazione personale scritta dell’Ordinario del luogo di origine di quello del luogo di soggiorno.

La maggior parte delle diocesi avrebbe seguito il movimento nel corso dell’anno 1962.

Il mio articolo potrebbe riassumersi in due domande: perché l’hanno tolta (nel 1962)? Perché la rimettono (nel 2012)? Mi sembra che tenendo insieme questi due interrogativi si possano comprendere molte cose dell’evoluzione del mondo nell’arco di cinquant’anni.

1962: «Cette année-là», come cantava Claude François… l’anno degli accordi di Evian: si voltava (con gran fatica) la grave pagina del colonialismo. L’anno del viaggio di Konrad Adenauer in Francia: si voltava la pagina di un altro passato ancora sul pelo delle acque, quello della Seconda guerra mondiale. C’era voglia di voltare molte pagine, nel mezzo del “Glorioso Trentennio”3Viene cosí chiamato – per il boom demografico ed economico – il periodo del primo trentennio dal secondo dopoguerra [N.d.T.].… c’era ebbrezza di avvenire e di rinnovamento, della quale ebbrezza la società consumistica era simbolo concretissimo… Ed è vero che tutto cambiava, certo non soltanto per il colore delle cassette postali, che proprio nel 1962 diventavano gialle. Negli Stati Uniti la pillola contraccettiva era già in vendita e rivoluzionava il rapporto uomo-donna… Per la vecchia Europa sarebbe stata questione di anni…

Bisogna tornare a immergersi in quell’ebbrezza di modernità per comprendere fino a che punto l’abrogazione dell’obbligo di porto della talare è stata, per molti chierici, una boccata d’ossigeno, una vera liberazione. Fu un modo concreto, specialmente per le giovani generazioni di preti, di anticipare l’apertura del Concilio, che ci sarebbe stata qualche mese piú in là.

All’epoca la Chiesa cattolica dominava ancora largamente le mentalità. I cattolici erano praticanti per l’85%. La talare che i preti portavano incarnava il peso che la Chiesa ancora esercitava sulle coscienze. Certo, niente a che fare con quello che aveva ancora prima della guerra, ma era comunque molto forte: un peso che alcuni preti ormai rifiutavano di incarnare.

L’abito corvino dei preti diventava sempre piú difficile da portare, in quel periodo di intensi cambiamenti sociali. Ricordiamo qui che nel 1962 il nero non era il colore stiloso dei nostri giorni: il ero rimandava al lutto e alla segregazione sociale. Una donna che perdeva il marito doveva vestirsi di nero per un anno. Non era raro che, un lutto dopo l’altro, la gente si vestisse di nero per anni e anni… Il nero era una costrizione, in un’epoca in cui il controllo sociale era forte assai…

A partire dal Concilio di Trento, o giú di lí, i preti erano tenuti a portare un abito che li distinguesse dal resto degli uomini. La veste talare si sarebbe imposta come l’abito di riferimento per i preti francesi nel corso del XIX secolo: avrebbe assunto le fogge di un abito lungo dal collo ai talloni abbottonato sul davanti. Lo scopo di quest’abito era differenziare e separare, perché l’uomo “normale” non vestiva abiti lunghi. Lo scopo era anche nascondere: le forme del corpo venivano abolite, sia dal colore sia dal taglio ampio. Il colore nero rimandava alla morte, alla Croce. Il prete, che s’impegnava a conformarsi a Cristo casto e povero, aveva assunto questa veste in seminario: essa segnalava la sua rinuncia al piacere e alla seduzione, e in senso piú lato “al mondo”, al sistema dei valori che reggono le relazioni umane secondo il potere, il denaro, l’apparenza. La talare è una specie di tomba: essa fa eco all’antica pratica di passare sotto il “velo mortuario” in concomitanza con l’ingresso in religione per i religiosi e le religiose, che simbolizzava la morte alla propria volontà e al mondo.

L’abrogazione del porto obbligatorio della talare all’inizio dell’estate del 1962 fu oggetto di un reportage filmato, disponibile sul sito dell’INA, e interessante a piú di un titolo [lo abbiamo riportato qui di seguito]. Il giornalista intervista anzitutto il Signor Ferrand, capo-reparto di vestiario ecclesiastico in un grande magazzino (sí, avete letto bene: nel 1962 nei grandi magazzini c’era un settore per i preti, il che attesta il loro inserimento ancora forte in una società in cui la secolarizzazione non aveva ancora prodotto tutti i suoi effetti.

Interviste di Jean Darron sull’introduzione del clergyman per i preti (giugno 1962)

Le vendeur, au look austère, nous présente un costume de clergyman, la « nouvelle tenue ecclésiastique autorisée ». L’homme explique qu’il y a des modèles gris anthracite et ajoute, un peu pincé : « Pas d’autres fantaisies ne sont permises !» Il concède au journaliste que le clergyman va intéresser surtout les jeunes prêtres, qui sont « plus enjoués », alors que les seniors, « plus réfléchis », garderont l’habit.

Puis le reportage nous emmène Place Saint Sulpice à Paris, pour un micro trottoir savoureux. Un prêtre explique : « ça facilitera les choses, ce sera plus facile pour se déplacer. Ce sera beaucoup moins gênant pour faire du vélo ». Un autre explique que le « Seigneur s’occupe des gens contemporains ». Quant aux laïcs interrogés, leurs avis sont variés. Une femme estime que « ce sera plus pratique pour exercer le ministère ». Une autre regrette que « les prêtres ne s’habillent plus en prêtres ». Un laïc reconnaît que « c’est une bonne chose, car ce sera plus confortable ». Une dame entre deux âges n’est pas heureuse de tout ça car « on ne distingue plus les prêtres catholiques des autres. » Elle déplore le changement surtout « pour la campagne. Les gens ne comprendront pas ». L’instant bouffon vient avec les paroles d’un ado : « ça sera mieux, on dirait des bonnes sœurs ! ».

En fait, il n’y a pas d’unanimité. Les gens étaient assez partagés.

Dans ces réactions se mêlent toutes sortes de choses : l’élément générationnel (jeunes prêtres contre anciens), l’argument de commodité (confort, vélo), la question identitaire (reconnaissance publique) et culturelle (les gens simples vont être bousculés), mais il est évident que la considération idéologique est première : il faut une proximité nouvelle avec le monde contemporain. La logique de l’abandon de la soutane est donc celle de l’ouverture au monde. On rejoint ici, partiellement la volonté déjà connue des prêtres ouvriers de se rapprocher des gens.

En 1962, l’Eglise renvoie encore à la sphère de la puissance institutionnelle, à une période où les figures d’autorité (l’instituteur, le médecin, le prêtre) impliquent la soumission et l’obéissance. La soutane incarne tout cela. Elle matérialise la distance institutionnelle d’avec le monde profane. Mais les prêtres ont bien conscience que depuis les années 30, l’Eglise a perdu déjà du terrain, et que la sécularisation est en marche. Quitter la soutane, c’est montrer qu’on n’a pas peur de ce mouvement de l’Histoire. C’est une façon pour l’Eglise de dire qu’elle est plus humaine que son statut de puissance institutionnelle ne le laisse imaginer. Le film Léon Morin prêtre – joué par Belmondo – qui se situe pendant l’Occupation, a été tourné en 1961 et reflète la nouvelle posture de l’élite catholique au début des années 60, celle de ne plus s’identifier avec la puissance institutionnelle, voire de la rejeter…

En 1962, pour un prêtre, quitter la soutane est une rupture énorme. Dans le film des actualités télévisées, le journaliste insiste sur le fait que le prêtre s’habille désormais « presque en civil ». Ce qui n’est pas faux, car une écharpe peut facilement masquer le col romain. La vraie rupture symbolique est le passage de la robe au pantalon. De fait, de très nombreux prêtres se réjouiront d’adopter un vêtement non seulement plus discret, mais plus « viril »… A chaque fois que je demande à un prêtre de plus de 75 ans ce qu’il a ressenti en quittant la soutane, il me parle de libération.

En 2002, j’avais fait un reportage à Machecoul, en Loire-Atlantique, pour les 40 ans de Vatican II, et le père Jean Garaud m’avait expliqué combien il avait été soulagé de troquer la soutane pour un costume de clergyman, quatre ans après son ordination sacerdotale en 1958. A l’issue de mon interview, cet homme très sympathique était allé dans son grenier et il avait descendu sa soutane, pieusement conservée, pour me la montrer, non sans une certaine émotion. Preuve sans doute du lien affectif qu’il entretenait avec cette « seconde peau » de sa jeunesse. Il avait tenu à me la donner, de peur sans doute que, s’il venait à disparaître, elle ne finisse dans un coffre à déguisement, ou dans une décharge, et j’avais accepté de la prendre en charge, comme une relique d’un temps révolu.

Mais ce temps n’est pas si révolu que ça. Car la soutane fait son retour dans un contexte culturel à fronts renversés. Même si la méthode n’est pas exactement la même. Ceux de 62 ont mis la soutane au placard, pour porter le clergyman. Mais avec les évolutions sociétales, ils ont souvent abandonné tout vêtement ecclésiastique en 68. En 2012, les jeunes prêtres portent habituellement le col romain, et utilisent la soutane en « variante », selon certaines circonstances et convenances – (je rappelle que les prêtres traditionalistes des instituts Ecclesia dei ne sont pas dans mon périmètre, même s’ils exercent en la matière une influence réelle, d’un point de vue stylistique).

De plus en plus de jeunes prêtres non affiliés à des groupes traditionalistes la portent sans complexes. Ces trois dernières années, j’ai constaté que le phénomène est exponentiel. « Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si on porte le col romain, mais si on assume de porter la soutane » m’a confié l’un d’eux. Ils sont très nombreux, ceux de moins de 40 ans, à avoir une soutane dans leur garde-robe et à la porter occasionnellement, pour des ordinations, des fêtes d’Eglise, et systématiquement lorsqu’ils vont à Rome. Lors de la clôture de l’année sacerdotale, à Rome, en juin 2010, les jeunes prêtres français qui étaient venus s’étaient lâchés en ce domaine…

Le phénomène est d’autant plus fameux qu’il a un goût de défendu. Car la soutane est associée au traditionalisme voire à l’intégrisme. Des prêtres ont, ici et là, semé la panique en sortant leur soutane au lendemain de l’ordination, comme s’ils révélaient au grand jour un positionnement idéologique jusque-là soigneusement caché. Porter la soutane implique qu’on risque de se faire étiqueter “tradi”, ce qui est parfois difficile à vivre car certains prêtres revendiquent le port de l’habit traditionnel sans toutefois épouser la vision traditionaliste. Il est vrai néanmoins que ce phénomène va de pair avec le retour en grâce de la messe tridentine. Ce sont souvent les mêmes qui portent de temps en temps la soutane et qui apprennent en catimini à dire la messe selon « la forme extraordinaire », moins par idéologie que par attirance réelle pour la forme “vintage” du rite romain.

L’amalgame “soutane = intégriste” est d’ailleurs un réflexe mental très français, car dans d’autres pays, comme l’Angleterre, les Etats-Unis, porter la soutane ne revêt pas de dimension idéologique clivante. Dans les pays où l’Anglicanisme est répandu, les femmes ministres la portent sans gêne… En Italie, Espagne, Pologne, et plus largement en Afrique, la soutane est très courante. C’est dire si cet amalgame est abusif. Il empêche de penser la réalité dans sa complexité, même s’il arrange certains qui préfèrent garder leurs préjugés “anti-soutane”.

Mais pourquoi donc la remettent-ils ?

Comme en 1962, il y a l’argument de commodité. L’hiver, elle tient chaud, m’ont dit plusieurs curés dont l’église est mal chauffée. L’été, elle présente l’avantage qu’on peut être en caleçon en dessous, sans porter de pantalon. Pas si désagréable, peut-être…

Il y a surtout la question de la communication : une soutane, c’est encore plus parlant qu’un col romain, c’est une prédication publique incontournable. Cette question identitaire va de pair avec l’argument missionnaire. Une soutane attire le regard et peut susciter l’intérêt, au même titre que le col romain, mais un cran au-dessus. Tel prêtre me disait qu’elle attirait vers lui des jeunes musulmans, pleins de questions. Elle peut aussi susciter la défiance. Mais en tous cas, elle ne laisse pas indifférent. Le prêtre marseillais Michel-Marie Zanotti Sorkine assure la porter pour les gens qui sont loin de l’Eglise, et il est convaincant.

Un prêtre m’a parlé un jour de la soutane comme de la “charte graphique” du prêtre catholique, ce qui n’est pas sans importance dans une société comme la nôtre, devenue hyper sensible aux marques, aux logos, aux pictogrammes. Elle plaît aussi à des personnes attachées à la dimension stylistique du catholicisme. Je me souviens à cet égard d’une conversation avec l’écrivain Jacqueline Kelen, qu’on peut difficilement taxer d’intégrisme. Elle me disait son attachement à la soutane pour la noblesse de l’habit. Une question de standing et design, en quelque sorte, à une période où les codes vestimentaires se sont atomisés, jusqu’à une indifférenciation si poussée que le vêtement n’a plus de sens. La soutane, c’est le retour du style, avec le sens en plus.

Le style, c’est d’abord le noir qui est très à la mode partout, et notamment dans l’habillement, chez les femmes comme chez les hommes, car il est synonyme d’élégance, de raffinement. Mais qui renvoie aussi à la marginalité, ce qui cadre bien avec le choix de vie du prêtre, éminemment contre-cuturel. Les ados associent en effet le noir à leur période rebelle, comme signe de contestation de la culture établie. La robe noire portée par des hommes évoque le film Matrix. Certains « gothiques » portent ce qui n’est pas une soutane, évidemment, mais un vêtement qui lui ressemble, associé à la ténèbre, à la nuit. Au monde surnaturel.

Et puis il y a le vieux fond culturel, les images profondément enracinées dans la mémoire sociale. Pour la plupart de nos contemporains, la soutane est le vêtement du prêtre, un point c’est tout. C’est ce que décrit la sociologue Céline Béraud dans son ouvrage Le métier de prêtre, quand elle affirme que « le prêtre est aujourd’hui un inconnu pour beaucoup et l’objet de stéréotypes souvent en retard d’un concile ». Elle fait référence à des films dont le contexte est celui du XXIe siècle mais où le prêtre apparaît vêtu d’une soutane. Elle rapporte l’anecdote d’un boulanger (non pratiquant) qui demande à son curé de lui prêter son habit pour une fête costumée. Le curé pense qu’il s’agit de son aube. Le boulanger, lui, pense à la soutane… même s’il n’a jamais vu le curé la porter en venant chercher son pain.

Bilan des courses : les représentations collectives sont comme aspirées par des symboles qui résistent. Alors que la soutane a pratiquement disparu entre 1970 et 2000, elle est restée dans les têtes de ceux qui n’ont pas suivi les évolutions de l’Eglise. Et il faut donc en tenir compte à l’heure de la Nouvelle Evangélisation, qui vise ces personnes qui ont décroché.

La soutane fascine ou agace, dérange ou attire. Elle est devenue l’un des éléments de la panoplie communicationnelle du catholicisme contemporain, qui s’appuie sur une nouvelle forme de provocation visuelle, comme d’ailleurs les autres groupes religieux – l’islam et le bouddhisme – qui revendiquent une visibilité. Il est indéniable que le catholicisme est une religion de l’image, du signe. Le prêtre, en tant que tel, est une sorte de « sacrement », et il est juste que cela se traduise visuellement.

Un ami prêtre me confiait ainsi que récemment, il avait traversé toute la ville de Lourdes en compagnie d’un autre prêtre habillé en soutane. Lui-même portait un clergyman noir. C’est un homme de belle allure, charismatique. Son compagnon était timide, doué de moins de prestance et d’éclat. Néanmoins, il a constaté que sur tout le trajet à travers la ville, les deux hommes étaient arrêtés sans cesse par des pèlerins voulant faire bénir des objets. « A aucun moment, ils ne se sont adressés à moi, bien qu’il était évident que j’étais prêtre, mais toujours à mon ami. Je crois que c’est la soutane qui veut cela. En particulier auprès des gens loin de l’Eglise, elle exerce un attrait puissant. »

J’ai encore de nombreux autres témoignages de jeunes prêtres qui me racontent qu’ils passent inaperçus lorsqu’ils portent le col romain, mais, qui, le jour où ils mettent leur soutane, passent leur temps à se faire arrêter dans la rue par des passants. Il n’en faut pas plus pour les convaincre qu’il s’agit d’un outil magique en matière d’évangélisation (ce qui reste à prouver). Un ami, qui a décidé de la porter tout le temps, m’a expliqué ainsi : “Le clergyman renvoie à une fonction. La soutane est le signe d’une consécration, les gens le sentent instinctivement…”

Tout se passe comme si la soutane venait toucher les gens là où l’Eglise ne sait plus les toucher – mais où les gens attendent néanmoins d’être touchés – à une jonction mystérieuse qui est au-delà de tout discours. Un nœud où se mêle le corps, le signe, l’identité sexuelle.

Car il y a cette étrangeté de la soutane, celle d’être une robe portée par un homme. Le dominicain Timothy Radcliffe insistait un jour sur le prêtre comme figure marginale au sein de la société, et sur la force évocatrice de la robe portée par des hommes pour signifier une forme de marginalité, qui correspond bien à ce qu’est le prêtre.

La soutane a cette puissance suggestive qui “recrée” un imaginaire autour de la personne du prêtre, alors que sa figure s’était un peu perdue dans les sables de la post-modernité. Il s’agit certes d’un imaginaire ambivalent, où se mêlent toutes sortes d’émotions et de projections. La soutane, surtout portée par un jeune homme, fait vibrer une forme de romantisme, active une sorte de séduction qui ne dit pas son nom. Bien sûr, cette ambivalence n’est pas sans risques. Car le narcissisme n’est pas loin… Mais, de nos jours, en ce qui concerne la figure du prêtre, il vaut mieux créer du sens non “pur” que de disparaitre des écrans radars de la société postmoderne.

On voit bien donc, sur le plan culturel, qu’on se situe à fronts renversés par rapport à la situation de 1962 où la soutane était tout sauf un objet de provocation ou d’interrogation… tellement elle faisait partie du paysage culturel établi… comme les cornettes des sœurs de Saint Vincent de Paul (cf les films du Gendarme, avec De Funès)

Comme en 1962, la soutane crée un clivage générationnel en 2012, cette fois à l’envers. En juin 1962, selon le vendeur du film de l’INA, les jeunes curés étaient pressés de quitter la soutane, au grand dam des prêtres plus âgés. En 2012, ce sont ces prêtres devenus âgés qui ont du mal avec leurs jeunes confrères qui s’ensoutanent allègrement.

Les prêtres de plus de 60 ans que je connais voient dans le port de la soutane la manifestation d’un retour en arrière, une forme d’arrogance identitaire, un raidissement idéologique. Il est vrai que la plupart des jeunes prêtres sont très différents d’eux : ils sont “ratzingériens” pour la plupart. Ils aiment notamment la liturgie où s’exprime le sacré. Les prêtres anciens ont l’impression qu’en portant la soutane, les jeunes collègues leur font la leçon, et surtout qu’ils désavouent tout ce que pour quoi ils se sont battus eux-mêmes, à savoir une présence de plain-pied dans le monde moderne, au grand large.

Ce clivage générationnel entre prêtres recouvre celui qui existe entre les laïcs. Mais je ne crois pas que les jeunes prêtres portent la soutane dans l’esprit de désavouer la génération précédente. Celle-ci, d’ailleurs, si elle veut être totalement honnête, reconnaîtra que l’abandon de la soutane, puis du clergyman dans les années 70, pour l’adoption d’un costume civil passe-partout n’a pas forcément tenu toutes ses promesses en matière d’apostolat, et a participé à l’effacement sociétal du catholicisme en France et ailleurs. Il était aussi plus facile d’enlever la soutane en 1962 (le phénomène fut collectif) qu’il ne l’est de la remettre en 2012 (c’est un acte engageant qui expose à un étiquetage).

Il est vrai que la soutane peut-être une sorte d’étendard idéologique ou un outil de gratification narcissique. Tel jeune prêtre, qui porte la soutane régulièrement, critiquent certains collègues qui la mettent pour faire des mondanités ou se pavaner dans certains cercles tradis. Car tout dépend de la façon dont elle est portée.

Il est difficile d’arborer la soutane avec naturel. Ceux qui y réussissent le mieux sont les prêtres de la Communauté Saint Martin. S’ils semblent tellement à l’aise dans ce bleu de travail, c’est parce qu’ils le portent tout le temps alors qu’ils ne sont pas traditionalistes. Cette aisance qui n’est sans doute pas pour rien dans le succès de cette communauté qui totalise 60 séminaristes.

Autre élément montrant que le retour de la soutane est un phénomène finalement très “actuel” : les jeunes prêtres qui l’endossent de temps en temps le font selon un modèle très libéral (puisqu’ils ne sont contraints à aucune règle en la matière) : c’est quand je veux, avec qui je veux. Le jeu est volontiers individualiste. Dans des diocèses où les cadres dirigeants sont massivement issus de l’Action catholique, porter la soutane peut avoir un caractère de provocation plus ou moins calculé… qui nous alerte sur le besoin de certains jeunes prêtres d’être reconnus, tout simplement, et de jeter un pavé dans la mare, parce qu’ils en ont marre, souvent d’une sorte de sur-place pantouflard du ventre mou du catholicisme. Une façon de réveiller des assoupis.

En tous cas, ce serait une erreur d’interpréter ce retour de la soutane comme une résurgence du passé ou un prurit nostalgique. Le phénomène est absolument en résonance avec les problématiques du début du XXIe siècle.

D’une façon évidente, le préjugé idéologique contre la soutane est regrettable, car il empêche certains prêtres (et pas que des jeunes !) de porter la soutane librement, par peur d’être jugés, voire rejetés, en fonction de ce qu’on imaginerait d’eux s’ils la mettaient. Or la soutane, qui est l’habit du prêtre catholique par excellence, et qui est portée à travers le monde par des milliers de prêtres, ne devrait pas être l’objet d’un préjugé négatif, mais devrait être accueillie dans la sérénité. Il serait temps d’en finir avec une vision, pour le coup rétrograde, qui consiste à voir derrière chaque prêtre en soutane un ennemi de Vatican II. Cette vision nourrit les divisions au sein du corps ecclésial, et participe d’une regrettable suspicion pour tout ce qui est stylistiquement traditionnel. 

Cette suspicion pousse, de manière injuste, certains séminaristes et prêtres à se faire des nœuds au cerveau en ce qui concerne leur look et leur goût pour tout ce qui fait “tradi”, et à masquer cette inclination sous peine d’être catégorisés, épinglés, voire ostracisés. Elle les incite à adopter une attitude qui consiste à se demander sans cesse : à qui vais-je plaire aujourd’hui ? A qui vais-je déplaire ? Jusqu’où dois-je être moi-même ? Jusqu’où dois-je me conformer à ce qu’on attend de moi ? Ces hommes dépensent dans ces “prises de tête” une énergie qui ne devrait être consacrée qu’à la mission. Mais, heureusement, les choses évoluent… Il y a 25 ans, on constatait la même défiance vis-à-vis du col romain que celle qui existe parfois envers la soutane. Mais le regard s’est ouvert, et le col romain ne subit plus de projection négative, et on peut espérer que la même chose se produira pour la soutane. 

Résumons l’argument : ce furent les jeunes prêtres de 1962 qui l’enlevèrent. Ce sont les jeunes prêtres de 2012 qui la remettent. C’est à chaque fois, d’abord, une affaire de jeunes.

Mais l’attitude invoquée en 1962 comme en 2012 est, au fond, assez similaire : le prêtre veut être apôtre. Il y a 50 ans, il croyait être plus crédible et efficace dans son ministère apostolique en ayant l’air moderne, en réduisant l’écart avec l’homme en civil. Aujourd’hui, certains prêtres estiment qu’on évangélise plus efficacement à partir d’une communication visuelle abrasive. Mais la démarche a en commun une ambition, celle d’annoncer le Christ dans deux situations historiques radicalement opposées. Les solutions qu’ils donnent apparaissent opposées, bien que l’intention soit la même…

Car le cœur profond du prêtre n’a pas tant changé que cela en 50 ans. C’est le contexte sociétal qui s’est renversé. L’Eglise n’est plus une institution qui devrait s’excuser de prendre tant de place dans la société, comme en 1962… Les jeunes cathos – prêtres et laïcs – de 2012 savent qu’ils sont une petite minorité qui doit assumer sa visibilité. La soutane est donc la partie visible d’une insurrection devant le risque d’un effacement total du paysage symbolique contemporain. 

Ceci étant dit, il est plus courageux pour un prêtre de porter la soutane en 2012 (c’est parfois mal vu) que pour un prêtre de la quitter en 1962 (ils l’ont presque tous fait, sous la pression d’un certain conformisme, il faut l’avouer…)

Mais la soutane est aussi plus qu’une charte graphique, car les prêtres la lient fortement au célibat. Choisir de ne pas se marier pour suivre le Christ et anticiper le Royaume des cieux est un témoignage fortement contre-culturel. La soutane, vêtement décalé comme aucun autre ici bas, vient donner une “peau” à ce choix radical du renoncement au mariage pour l’annonce eschatologique du Royaume. Le vêtement noir qui couvre tout le corps est un scandale dans un monde où la chair s’exhibe, et où prévaut un tyrannique conformisme social sur ce qui touche à la sexualité, conformisme qui affirme que l’on est anormal si l’on n’est pas sexuellement actif. Le prêtre sexuellement continent et célibataire incarne la résistance contre cette pensée unique. Le fait de porter la soutane participe alors d’une revendication de marginalité qui renvoie à la radicalité du Christ et de l’Evangile.

Le prêtre ensoutané de 2012 se veut alors prophète par son look, alors qu’en 1962, il ne l’était pas, car le prêtre faisait trop partie de la culture commune.

Dire cela n’est pas affirmer que tous les prêtres doivent porter la soutane pour être prophétiques en notre époque, ou pour faire de l’évangélisation à tout crin. Simplement, les prêtres qui portent occasionnellement ou tout le temps la soutane doivent pouvoir se sentir légitimes de le faire au nom de leur apostolat, et non pas regardés de travers parce que passéistes. lls ont droit à la bienveillance et à l’intelligence.

Cette prophétie du vêtement n’a évidemment de poids que si le prêtre qui porte la soutane incarne réellement le Christ par sa bonté, son souci des pauvres et des petits, son humilité. Récemment, le prieur des dominicains de la Province de France, le père Jean-Paul Vesco, a écrit à ses frères pour les autoriser à porter l’habit à l’extérieur des couvents. Au delà d’une considération historique très proche de mon propos (“les temps ont changé”), il insiste sur la façon de porter l’habit : “Au fond, ce n’est pas tant le fait de porter l’habit qui compte mais la manière de le porter, et ce que l’on entend signifier. Si l’habit est signe d’humilité, d’une vie simple, unifiée, fraternelle et vraiment donnée à tous, il sera un témoignage qui parle à notre temps. S’il manifeste au contraire une volonté de rupture avec la société, de séparation, de supériorité, ou s’il est plaqué sur une vie personnelle qui ne lui ressemble pas, il mettra en échec la relation sans laquelle il n’est pas de témoignage possible, sauf un contre-témoignage.”.

On rejoint là l’éternelle question du rapport entre le fond et la forme. La forme sans le fond n’est rien. La forme n’est vraie que si le fond l’est aussi. Le vrai fond est aidé par la forme, ou pas. La soutane n’a aucune valeur si elle n’est qu’un pur appât communicationnel, ou qu’un emblème idéologique d’une volonté de reconquérir un passé mythique. C’est uniquement comme symbole vivant de l’amour du Christ qu’elle peut être habit de lumière.


Paru ici

Note

Note
1 L’articolo è del 18 giugno 2012.
2 Il cognome dell’autore significa “merciaio”, alla lettera, donde il jeu de mots.
3 Viene cosí chiamato – per il boom demografico ed economico – il periodo del primo trentennio dal secondo dopoguerra [N.d.T.].
A propos de Jean Mercier 0 Article
*1964-2018†: fu giornalista e redattore capo aggiunto del settimanale francese La Vie.

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